BOOK POINT : MEMOIRES D'OUTRE-TONTE

Publié le 26 Août 2015 par Hugo

Catégories : #Book Point

Après avoir passé mon temps à m’évader dans des contrées lointaines et à jouer avec mes émotions, je me suis accordé une petite pause littéraire… et pas n’importe laquelle. Je suis donc revenu chez moi, en France, pour écouter l’histoire fictive et délirante de Sergio Pelo, un héro de l’épilation ayant changé la face du monde (et des femmes).

Quand ce livre m’a été conseillé, je me suis immédiatement dit que j’allais pouvoir reposer mon pauvre cerveau et me distraire dans une œuvre qui ne me fera pas réfléchir… Non seulement le livre est bourré de références en tout genres qui nécessiteront que tu désactives le mode « économie d’énergie » de ta tête, mais la vie de ce centenaire est également très intéressante historiquement parlant.

Nous nous retrouvons donc aux cotés d’un éditeur essayant d’effectuer une interview à peu près normale avec un personnage qui est TOUT sauf normal. Ce dernier va alors conter tous les détails de son incroyable vie et c’est ici que les premières questions se posent : Les deux protagonistes vivent-ils dans un monde fantaisiste ? Ou n’est-ce que le fruit de l’imagination débordante d’un homme en fin de vie ?

Ainsi débute l’histoire de Sergio Pelo, un franco-italien plus que mystérieux :

Dans une époque où les femmes sont aussi poilues que les hommes, le petit Sergio est traumatisé dans son enfance par la pilosité extrême de sa mère. Développant en grandissant une véritable fixation sur sa haine des poils, il fantasme de voir, un jour, un monde aussi imberbe que lui. Il va d’ailleurs faire de cela son obsession professionnelle, mais aussi personnelle, vis a vis de ses rapports avec les autres.

Le pauvre Sergio est, au début de sa vie, perçu comme un petit extraterrestre imberbe, et personne ne le comprend. Cette incompréhension générale vient du fait que son caractère est un poil paradoxal : il y a une omniprésence des poils dans ses paroles alors qu’il les déteste, ce qui constitue la raison pour laquelle il veut les voir disparaitre.

La vie du plus célèbre esthéticien du monde est une véritable aventure trépidante. En tant que connaisseur confirmé du XXème siècle, l’auteur se permet de remodeler l’histoire de France (et du monde) en accordant à Sergio le mérite des plus belles réussites (la victoire de certaines guerres par exemple). En découvrant sa vie, tu vas également apprendre de nombreuses choses, qu’elles soient contemporaines ou modernes, car en effet, Sergio a vécu assez longtemps pour devenir un adepte de jeux vidéos et de nouvelles technologies. Je dois dire que ça fait du bien de trouver un auteur qui s’y connait autant en histoire qu’en culture geek.

Mais il y a une chose que tu ne sais pas : Pelo est un blagueur compulsif !

Il ne peut pas s’empêcher de sortir un jeu de mots toutes les trois secondes. J’aimerais CLAIREMENT savoir comment l’auteur arrive à en produire autant, car je lui tire mon chapeau.

Entre blagues fines et humour TOTALEMENT décalé, j’ai même eu parfois l’impression que Stéphane Buret décidait d’écrire des passages entiers rien que pour pouvoir caler un jeu de mot.

Quelques réflexions de Pelo m’ont fait beaucoup rire : « En dégainant plus vite que mon oncle » ou encore « Mais comment s’appelait-il déjà, ce chanteur de kermesses ? Ah oui, il me semble bien que son prénom c’est Michel, me dis-je en faisant une belle pêche. » Les petites interactions entre lui et le pauvre éditeur sont également très bien trouvées.

Si l’auteur a tendance à partir dans des délires qui vont un peu loin (comme par exemple l’histoire de son rival, le coiffeur Colas, qui coupe plus de membres que de cheveux), sa légèreté d’écriture fait que l’on se laisse emporter à chaque fois dans la folie du livre sans trouver qu’il en fait trop. De plus, il nous offre une vision de la guerre beaucoup plus détendue et drôle, qui est la bien velue...venue, pardon ! Je n’arrive plus à sortir du livre…

Lors de ses dialogues avec les femmes et les gens qu’il rencontre (soldats, amis), on sent que Pelo se cache derrière ses allusions aux poils, mais qu’il possède de vraies bonnes idées et des valeurs qui le rendent touchant : il aborde des sujets compliqués avec énormément de tendresse comme l’homosexualité ou la place importante des femmes dans la société à l’époque où l’homme régnait injustement. Sa biographie est contée dans un ordre chronologique bien régulier et les événements vont tellement vite que j’ai réussi à ressentir la nostalgie de Pelo quand il évoque son passé, alors que j’y étais quelques lignes plus tôt.

Ce que j’ai le plus aimé dans Mémoires d’Outre-Tonte, ce sont les différentes femmes que Sergio va aimer. Christelle, Josée-Fine, ou encore Laura sont des personnages qui donnent à Sergio une certaine stabilité et qui le rendent d’autant plus attachant. Je devrais peut-être te prévenir : il y a une très forte présence du sexe qui peut parfois déranger par son originalité, mais seulement si tu es un adepte de la messe du dimanche.

Outres ses nombreux vices et ses divers fétichismes plus absurdes les uns que les autres, le personnage de Sergio Pelo est très intéressant, notamment dans sa connaissance du corps humain. D’ailleurs, lorsqu’il met mal à l’aise les gens autour de lui, il essaye simplement de montrer qu’il est cultivé et qu’il n’est pas si différent.

En revanche, ça ne l’empêche pas d’inventer des règles scientifiques totalement bidons, juste quand l’occasion de sortir un jeu de mot se présente ! Je tiens à rajouter que la petite histoire derrière la couverture du livre m’a vraiment surpris, et qu’elle est plutôt bien trouvée.

J’ai également l’impression que ce livre fut l’occasion pour l’auteur de démontrer son immense culture concernant l’histoire de notre pays et l’histoire en général : même si la plupart des références sont utilisées de façon humoristique, j’ai tout de même ressenti la connaissance et la maitrise de nombreux sujets. Stéphane Buret inclus aussi dans son œuvre des références à certains films, à des jeux vidéos (Resident Evil), à des jeux de société (Cluedo, vous comprendrez pourquoi) et même des parodies de chansons.

Pour résumer, je dirais que ces mémoires d’outre-tonte sont un fameux mélange entre histoire et modernité, contées par un auteur possédant une façon très intelligente de jouer avec la langue française qui prouve le grand travail de réflexion derrière chaque phrase. Je te conseille donc vivement d’opter pour ce livre afin de te changer les idées en t’aventurant dans la vie épique et complètement absurde de ce bon vieux Sergio Pelo, qui est bien loin d'être rasoir.