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CINE FLASH : DHEEPAN

Publié le par Hugo

ENFIN ! Enfin je peux voir un film français et partager ce que j’en pense. Et quoi de mieux qu’une palme d’or pour une première fois ? Ce que je peux te dire dès maintenant, histoire de te mettre dans l’ambiance, c’est que Dheepan ne l’a pas volé, cette si belle récompense.

 

 

Jacques Audiard est un réalisateur qui a déjà largement fait ses preuves dans le cinéma français mais qui n’avait pourtant jamais livré un film aussi important, qu’il serait crucial de montrer dans les écoles, s’il n’était pas si violent.

 

 

Nous suivons donc le parcours du personnage éponyme, Dheepan, un homme qui essaye tant bien que mal d’échapper à la misère et la guerre au Sri Lanka. Du moins, c’est ce qu’il fait durant les 10 premières minutes du film. Il se retrouve assez vite en France, doté d’une nouvelle identité et accompagné d’une jeune femme et d’une fille, qui ne se connaissent absolument pas, mais qui doivent se faire passer pour son épouse et son enfant.

 

 

Alors que le business de la vente à la sauvette dans les rues de Paris ne fonctionne pas à merveille pour Dheepan et sa fausse petite famille, il trouve un emploi de gardien dans une des cités les plus dangereuses de France, mais ce n’est que trop tard qu’ils vont se rendre compte de la véritable identité d’un quartier si joliment nommé « Les Prés ». La vie dans la cité va donc apparaitre comme un rêve, puis va peu à peu se transformer en cauchemar.

 

 

Le choc des cultures est très intéressant, et l’arrivée de ces personnages aux origines qui apparaissent assez peu dans le cinéma français l’est tout autant. Parfait timing pour aborder la question des réfugiés, n’est-ce pas ? L’histoire de ces 3 personnes tente de rappeler une bonne fois pour toutes à tous ceux qui ne l’auraient peut être pas encore compris que ce n’est pas parce que tu viens de loin, que ta couleur de peau est différente, que tu n’arrives pas à aligner 3 mots en français, que tu fais un boulot ingrat et que tu n’arrives pas à t’en sortir que cela signifie que tu ne vaux rien, et que ta vie compte moins que celle des autres. Ce n’est pas forcement le message que le film souhaite envoyer à la base, mais c’est celui qui m’est venu à l’esprit en admirant le travail de réalisme d’Audiard.

 

 

L'histoire simple cache un scénario et des enjeux pourtant très complexes, avec un gros travail de réflexion derrière chaque plan afin de se détacher de tous les genres déjà présents.

 

 

Que ce soit la mère, le père ou la fille, tout les oppose. La seule chose qui les unie, c’est l'enfer d’où ils viennent. Même s’il ne s’en rendent pas compte, c’est bien leur seul espoir d’échapper à la cruauté d’un monde qui semble ne pas vouloir les sortir du chaos une bonne fois pour toutes.

 


En ce qui concerne Dheepan, c’est un homme torturé qui essaye d’oublier la guerre à laquelle il a dans un sens participé en intégrant l’armée. Il ne possède plus aucuns choix personnels avant l’obtention de ses papiers, et a pour seul échappatoire la famille dans laquelle il va progressivement croire.

 

 

En effet, la pire chose pour lui est de se retrouver seul avec lui même, et de confronter les horreurs qu’il a pu faire.
Yalini, la mère supposée de leur enfant, est trop jeune et n’a pas assez d'expérience pour affronter la réalité. Elle est persuadée qu’elle peut prendre soin d’elle même et qu’elle n’a pas besoin de cette famille.

 

 

Quant à leur petite fille de 9 ans, elle est plus intelligente et mature que la moyenne, ce qui l’empêche de craquer dans les situations traumatisantes pour son age. Elle apprend d'ailleurs plus vite le français que ses "parents" et va les aider.

 

 

Cette merveille du cinema d’auteur bénéficie d’une flopée de moments touchants , qui ne sont malheureusement que des pauses dans la tragédie et l'horreur du quotidien d’un foyer en developpement.

 


J’ai adoré le fait que l'intrigue se divise entre séquences de bonheur et de malheur, et que Audiard ai eu la bonne idée d'inverser le placement de sa bande son, afin que les moments tristes soient portés par une musique joviale.

 


Les gangs de la cité font monter une tension hyper réaliste en crescendo, à tel point que tu restes sur tes gardes tout le long, de peur que les choses ne tournent mal.
Petit coup de coeur d’ailleurs pour le bad guy du film, une figure qui se veut amicale mais qui ne l'est clairement pas. Il dirige tout le quartier mais commence à s’interesser à la petite famille fraichement débarquée. Lorsqu'il essaye de communiquer avec Yalini, il tente de faire bonne figure mais ses réactions d'indifférence et de discrimination le trahissent.

 

 

Dheepan, tu le verras , n’est pas un film qui te demande de prendre le parti de quiconque, mais plutôt une oeuvre qui cherche à prouver que, non loin de toi, certaines personne vivent l’enfer en faisant tout pour lui échapper.

 


Jacques Audiard propose dans une période très tendue en Europe, un point de vue nouveau : celui des personnes habituées à ce qu’on les regarde de haut et qu’on les considère moins importantes car elles ont malheureusement moins d'impact direct sur la société. Le film est sorti il y a un bout de temps déjà, c’est pour cela que je te conseille de courir prendre ta place avant qu’il ne disparaisse !

 

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B
Bravo, très bel article.
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